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Se préparer à vivre avec notre époque en tant que haut potentiel ou multipotentialiste

Cet article fait suite à mon précédent article "Préparer septembre" sur Linkedin, et sera suivi de nombreux autres sur ce sujet, tant il est vaste, incertain, multiple.

 

Cet article concerne tout le monde même s'il parlera particulièrement aux personnes hauts potentiels (HPI), surdouées, zébrées, multipotentialistes, encore plus si elles sont impliquées dans la transformation (coach, superviseur, drh, dirgeants...)

 

Liens : en savoir plus sur la douance, ou la pensée intuitive

 

C'est le mois de septembre de notre civilisation, le mois de septembre de nos carrières qu'il nous faut préparer. Souvent, le mois de septembre de la vie aussi, où vous vous situez parfois encore en débutant.e, en quête de validation, alors que c'est maintenant le moment d'assumer ses connaissances, son expérience, et je le dirais clairement : le moment de diriger, de prendre la place de leader sans la demander, même si c'est dur, voire contre intuitif, car les dirigeants que vous laissez passer devant-vous ne sont plus adaptés aux besoins de nos écosystèmes (cela vous parle ? déconnexion du terrain, absence de sens de l'humain, orientations stratégiques irrationnelles et purement court terme...)

 

L'hiver arrive. Mais ce n'est pas nécessairement le grand froid qu'on imagine. Le futur me semble encore bien trop pensé avec la pensée clivante, agressive, de ce monde d'avant qui se dit monde d'après. En pensant à Nietzsche, non comme modèle mais source d'inspiration, j'ai la perception que les personnes sensibles et douées, surdouées, intuitives, multipotentialiste vont vivre un nécessaire renversement de valeurs, une révolution dans la manière de concevoir le concept transformation

 

Se transformer n'est pas s'effacer, renoncer, s'exiler de l'arène où les choses se jouent, c'est, chacun à son niveau et à sa manière, assumer sa croissance et son expansion personnelle (et donc collective), et façonner le futur. 

 

Toujours avec l'intention d'inspirer, pas d'énoncer des vérités, l'intention est de nous inviter à faire une pause et à réfléchir ensemble. Ce n'est qu'un tout petit début de réflexion que nous allons aborder ici. Nous allons co-construire la suite ensemble. 

 

Deux premiers thèmes se sont dégagés de mes ressentis en coaching, en supervision comme sur les réseaux, thème que nous allons aborder ensemble : 

- Créer une bulle univers pour y danser, voyager, bouger

- Lâcher le comment faire pour se connecter aux sens

Créer une bulle-univers pour y danser, voyager, bouger

Je reprends ici rapidement un élément central du dernier article "Préparer septembre". Ce qui me semble essentiel - je pense à François Roustang, La fin de la plainte, Chp III, IV comme source d'inspiration, je ne prétendrai pas ici décrire avec exactitude ses propos mais ce que j'en retire - c'est, quoi qu'il arrive, surtout en situation d'emprise réelle ou symbolique, continuer de décider, bouger, laisser votre corps affirmer son existence. Le corps : le matériel, la place, le rôle. 

 

Pour les coachs, quand il y a quelque chose dans la relation avec le client qui fait que l'on se sent figé, qu'on s'interdit de bouger, souvent, vous allez donner des chances à votre client de reprendre vie, de renouer avec la flexibilité, avec l'élaboration,  en étant particulièrement attentif à vous autoriser à rester libre de vos mouvements.

 

Or la carrière, l'épanouissement professionnel, est un système vivant, comme un client / patient, comme une institution ou une entreprise. 

 

Ainsi, quand dans l'entourage, dans la carrière, dans le contexte actuel, il y a quelque chose qui  vous incite à vous figer, n'est-ce pas le signe justement qu'il faut bouger ? Et, ce n'est qu'une question, ne faut-il pas encore plus bouger quand on vous fait sentir que le coût de chaque mouvement sera élevé (emprise) ?

 

Au passage, pour avoir des clients à notre époque en tant que coach, je vais vous décevoir : il n'y a pas de magie si l'on veut rester éthique; si vous commencez à (vous) bouger vraiment pour créer de vraies bonnes conditions pour exercer, alors peut être, je dis bien peut être, les clients se bougeront-ils eux aussi. Le problèmes c'est l'emprise de (que l'on décide de donner à) l'entourage (réel ou intériorisé) qui rejaillit sur la relation avec les clients...qui ne viennent pas, car il ne payent pas pour votre entourage, mais pour vous. 

 

Donc, pour résumer : s'autoriser à vous mouvoir dans votre carrière. Ne surtout pas s'arrêter et laisser les "obligations" et la peur vous figer. Le monde d'après a besoin de vous. 

 

Exemplesau travail, dire les choses, tout de suite, avec diplomatie et clarté; ne pas s'arrêter de chercher, de faire du réseau, même en poste; sortir de la victimisation figée pour poser votre jeu de Go et agir; en réunion : parler, et reprendre si on vous coupe la parole; dès l'ouverture des frontières : envisager votre carrière à l'international; ne pas chercher à rattraper le passé, se focaliser sur son faisceau d'objectifs...des évidences, certes, mais que trop peu de hauts potentiels suivent ! 

 

Bouger, pour vous épanouir, prendre des risques mesurés et en même temps à votre mesure, me semble être une clé essentielle pour donner à vos valeurs un vrai impact, déployer votre message. 

 

Je vois trop de hauts potentiels qui se sentent trop responsables de leurs familles, en font trop, sans avoir nécessairement en retour, et inhibent des talents qui pourraient aider au final des milliers de familles par effet ruissellement. L'éthique gagne à s'éclairer par la systémique, sinon elle est l'idiote utile du système ! 

 

Ainsi, même et surtout quand l'emploi du temps (c'est à dire les autres, ou plus exactement votre rapport aux autres - ils y sont pour rien) vous interdit tout mouvement, assumez de créer votre bulle, pour vous, pour faire du sport, lire (Nietzsche, Marx, Hegel, Spinoza, comme François Roustang, Alain Cardon, Olivier Lockert...), dessinez, créez, et aussi, car tout est lié, laissez votre carrière se dessiner.

 

Exemple pratique : 5h par semaine non négociable, même en cas d' "urgence familiales" (elles arrivent toujours quand on commence à s'envoler...sauf si ce sont de vraies urgences, bien sûr, mais c'est rare) pour créer et construire son futur. Lecture, écriture, développement personnel (psychanalyse, exploration de thérapies (groupes de gestalt,...), coaching et supervision, formations et démarches spirituelles, tout cela étant complémentaire), ou exploration artistique ou autre.

Lâcher le "comment faire" pour se connecter aux sens

C'est un des éléments qui représente pour moi le monde d'après : se connecter aux sens. Et n'avoir plus aucune intention de trouver le sens, ni même de savoir ce que c'est, lâcher tout désir de sauver le monde et de bien faire, pour laisser ce sens s'épanouir, venir à vous. Mais ce ne sera pas celui que le mental attendait. Ce mental qui est souvent le refuge du faux-self. 

 

Le sens a l'immense force d'être fragile, évanescent. Dès qu'il sent une intention, c'est à dire un Ego, il s'envole. Il prend peur. Le sens s'apprivoise lorsque l'on lâche le "Comment faire ?..." (non dit : ...pour plaire à l'image de mon père / ma mère, dans ma manière de réussir ou de ne pas réussir), pour s'autoriser à être libre de ses mouvements. 

 

Le sens, c'est ce mouvement qui a envie de se faire.  Cette liberté sera éthique par définition. Pourquoi ? La liberté, c'est la danse avec le monde, avec l'Autre, qui libère. Sans Autre, pas de liberté. Or une vraie danse avec le monde se fait en entendant sa demande, en accueillant ses contours. 

 

Entendre la demande du monde, c'est quoi concrètement ? C'est laisser faire le mouvement qui a envie de se faire, et cela même si cela revient à aller bosser dans une entreprise ou un pays que, mentalement, on déteste ! Et cela même si cela revient à se retrouver dans un Comex que tous vos amis considèrent comme faisant partie de leur monde d'avant.

 

Petite parenthèse : quand on devient soi-même, on devient psychanalyste malgré soi. Ma perception est que les gens ne parlent que d'eux en disant combien vous êtes égoïste par exemple, que vous êtes l'incarnation du monde d'avant (parce que vous refusez l'emprise); si je devais schématiser, ils parlent de leur conflit intérieur entre la partie faux-self (consciente) et vrai-self (très inconsciente). Cette partie vrai-self, ils vont la projeter sur vous, car c'est plus facile de percevoir un conflit extérieur (entre lui et vous)  que de reconnaître un conflit à l'intérieur (entre lui-même et lui-même). Et comme vous n'êtes pas psychanalyste, c'est là que vous allez recadrer fermement la relation qui soit va apporter de la joie à chacun, soit va se terminer (ce paragraphe n'est qu'une introduction très schématique au sujet, on lira sur le transfert / contre-transfert pour aller plus loin; l'analyse transactionnelle et la systémique). Bouger, c'est faire bouger ses relations. 

 

Donc laissez faire le mouvement qui a envie de se faire, laissez faire ce que vous savez le mieux faire, indépendamment de votre CV, vos supposées capacités ou manque de capacités ("je suis un bon second, je ne me vois pas DG !"), ou des barrières que vous vous mettez ("il n'y aura pas de possibilités d'actions"), dont le fameux "j'ai pas le temps, pas le choix  (je dois m'occuper de..., je dois...)", et bien sûr, les deux mots magiques maîtres absolus de la peur d'y aller, de la procrastination, du faux-self : le "Comment faire ?"

 

Pour la plupart qui me suivez, vous êtes à un moment de votre histoire de vie, où c'est à vous de définir ce qu'est le "comment faire". Et c'est justement pour cela que vous ne savez pas toujours comment faire ! C'est à vous de créer d'autres manières de faire ! 

 

Je terminerai par cette phrase symbolique : où que vous soyez, décidez de prendre la liberté de vous (é-)mouvoir.

 

Bien à vous tous,

 

Matthieu Lassagne

Coach, Superviseur, Entrepreneur 

Certifié PCC par l'ICF

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Commentaires: 4
  • #1

    Jamila BENTRAR (mardi, 20 octobre 2020 07:38)

    L'article qui me parle le plus depuis que je vous suit. Merci pour les conseils concrets :).

  • #2

    Yannick VAILLE (mardi, 20 octobre 2020 11:57)

    Merci Matthieu, cela fait du bien à lire.

    Ce qui me vient en te lisant, c'est une prise de conscience sure ces derniers mois. Acter dans le réel ce qui m'est important, écouter ces sens que tu évoques; me permet de grandir. Grandir en conscience et dans la compréhension du Moi.

    C'est peut-être pour cela qu'il m'est si dur de me lancer à réaliser cette 'importance' et écouter mes sens. Cela revient à accepter de m'offrir le meilleur... :-)

  • #3

    Cécile Pénichost (mardi, 20 octobre 2020 16:08)

    Merci pour l'article et les exemples! Concrétiser la capacité à grandir en y consacrant le temps qu'il faut, se nourrir et agir!

  • #4

    Anne-Juliette (lundi, 26 octobre 2020 04:04)

    Merci. A l’heure de bouleversements dans ma vie, cela me rassure Et confirme mes choix....